Les manifestations du silence au quotidien
Le silence peut avoir des sens différents selon l’histoire, la culture ou les circonstances qui motivent une personne au mutisme.
La communication dans la famille :
Certains n’ont pas appris à communiquer, car ils appartiennent à des familles où la parole ne circulait que très peu, où les dialogues n’existaient pas, car les liens étaient distendus.
Communiquer demande de la confiance, des sentiments et inversement, c’est parce que la parole circule que les liens se renforcent.
La communication non-verbale :
Malgré le manque de mots, les expressions du visages, les comportements, les habitudes familiales, les sons quotidiens, les cris, les caresses, la violence restent un mode de communication non-verbale extrêmement important mais insuffisant pour être compris avec précision.
Entre parents et enfants, c’est par la parole que l’histoire familiale peut se transmettre. Sans le langage, de nombreuses fausses interprétations peuvent entraîner confusions et quiproquos. Les mots, parfois difficile à exprimer sont essentiels pour donner un sens à ce qui n’en a pas.
La communication dans le couple :
Lorsqu’un membre du couple craint d’être submergé par les émotions en abordant un sujet important ou l’expression de ses sentiments, rien ne l’empêche de reporter une discussion afin de bien la maîtriser. Il suffit de signifier à son partenaire sa difficulté à lui dire quelque chose d’important et qu’il se donne le temps de pouvoir le faire. La communication dans un couple est essentielle. Se raconter, écouter l’autre, partager ses envies, ses désirs, ses goûts, ses idées sont des ciments qui aident à fortifier le couple.
Les conséquences d’un non-dit ou secret de famille
Certains événements de la vie d’une famille, comme un suicide, un viol, la mort d’un enfant, crime de guerre, traumatisme, naissance illégitime, un acte jugé honteux ou trop douloureux deviennent des secrets familiaux. Ils ne sont pas transmis d’une génération à l’autre car jugés trop lourds à porter. Pourtant, malgré le non-dit, ces secrets peuvent avoir des conséquences importantes sur plusieurs générations. En effet, même s’ils ne sont pas divulgués, ils sont ressentis par chacun, sans cependant pouvoir être nommés.
Ainsi, un enfant qui repère chez ses parents des actes ou des émotions incompréhensibles et imprévisibles peut en être perturbé. Les secrets de famille peuvent être à l’origine de troubles affectifs ou sociaux qui entravent l’apprentissage ou l’évolution sociale de la personne.
Dans l’idéal, il serait souhaitable que le parent puisse exprimer à son enfant qu’un événement grave et important est venu troubler la famille mais qu’il n’en est pas responsable. C’est à la fois le déculpabiliser des émotions négatives perçues chez ses parents et rétablir une vérité mais si elle n’est pas totalement décrite. Les questions viendront plus tard.
Qu’est-ce qui peut maintenir une personne dans le silence ?
La peur de dire
Elles n’ont pas pu dire ni se défendre pendant le viol car elles n’en avaient pas la force et se sentaient paralysées, sidérées. De plus, leur inconscient les protégeait par une déconnection psychique pouvant aller jusqu’à l’oubli de l’acte.
Souvent, après le viol, elles continuent à se taire de peur de ne pas être crues ou parce qu’elles se sentent menacées par l’agresseur représentant une autorité (professeur, moniteur), ou faisant partie de la famille ou de son environnement. Le lui est imposé.
C’est également la culpabilité qui les maintient dans le mutisme. L’agresseur n’a pas manqué de lui faire entendre qu’elle était responsable de ce qui lui arrivait. L’amnésie fréquente du viol, les doutes qui s’ensuivent l’empêche de se reconnaître comme victime.
Silence et déportation
De nombreux écrits ont été publiés sur le silence des rescapés de la déportation. Il a fallu des années pour qu’ils puissent exprimer ce qu’ils avaient vécu. Ils ont pu parler pour leurs petits enfants et pour la mémoire collective. Auparavant, ils voulaient protéger leur famille de l’horreur des camps et de l’impensable. Transmettre leur vécu était au-dessus de leur force. Eux également portaient la culpabilité d’être survivants alors que de nombreux autres étaient morts.
En conclusion, arriver à exprimer est une nécessité pour la personne concernée mais également pour son entourage qui risque d’en subir les conséquences.