La honte

La honte est une émotion,  un sentiment social et obscur qui risque de provoquer des discordes avec les autres et conduit parfois à l’exclusion. C’est un sentiment qui touche au plus intime des soi et que chacun tente de dissimuler. Qui n’a jamais connu la honte ?

Dans les cas les plus extrêmes et dans les moments les plus violents, apparaît le désir de disparaître, « de rentrer sous terre », l’impression  de ne pas avoir le droit à l’existence. Que ces moments soient courts ou longs, l’impression d’être minable ou nul, est alors teintée d’un sentiment de dévalorisation extrêmement violent et difficile à vivre.

L’origine de la honte

Dans la première enfance (avant quatre ou cinq ans), l’enfant ne souffre pas de la honte car il ne pense pas à ce que les autres imaginent de lui.

C’est ensuite que survient ce sentiment qui influence toutes les autres émotions.

Son origine peut provenir de l’histoire des origines familiales. Elle peut-être également en lien avec des non-dits, des situations de la vie vécues comme honteuses, la découverte d’un secret familial, des interdits de dire, la sensation de ne pas être à la hauteur des autres, un vécu traumatique ou même des situations de violence…

Ce peut-être également des événements apparemment moins importants, vécus hors du contexte familial. Par exemple, faire pipi au lit jusqu’à dix ans, des moqueries liées au physique provenant de camarades malveillants… Rien n’est anodin lorsque l’on est enfant ou adolescent. D’autant plus lorsqu’ils n’ont pas pu exprimer les émotions et les pensées survenues dans ces moments et qu’elles sont retenues car trop honteuses à exposer. La vexation provoque un traumatisme et une honte refoulée dont l’impact peut durer tout au long de la vie car c’est une intrusion dans l’intimité de la personne.

Comment se dissimule la honte?

La violence, souvent corolaire de la honte, est parfois inconsciemment utilisée pour tenter de cacher ce versant de soi en donnant l’illusion de maîtriser la situation. C’est comme si ce sentiment de honte obligeait à mettre en avant une image « forte », « un faux self » pour contrer le regard de moqueur de l’autre.

Une autre échappatoire pour dissimuler la honte, est de tenter de détourner le regard ou de se cacher le visage derrière de grosses lunettes ou des franges épaisses. Hélas, contrairement à ce qui est attendu, ces comportements d’évitement signe le sentiment de honte.

L’impact de la honte sur la personne

La honte est un sentiment terrible qui exclue de la vie sociale, professionnelle et familiale. Le sentiment de n’être rien, de ne pas mériter d’exister provoque le retrait de la société. Se mettre de côté par peur de l’exclusion

La honte est une émotion qui fragilise et ouvre la porte à d’autres émotions. Si des personnes repliées sur elles-même car rongées par la honte, ont affaire dans leur vie à des personnes malveillantes, elles peuvent rapidement être mises sous emprise ou manipulées. Il suffit que leur honte soit réactivée par des mots, des humiliations ou des regards blessants pour que leur manque d’estime de soi se renforce. Nous remarquons que la honte prédispose à accepter l’humiliation et le risque d’être soumis à la volonté de l’autre jusqu’à devenir leurs victimes. Ils sont parfois la proie de pédophiles, d’un compagnon pervers ou d’une hiérarchie harcelante.

Comment sortir de ce sentiment de honte ?

Oser dire sa honte, la comprendre et l’élaborer, est une façon de la mettre à distance. C’est se prouver que l’on n’est pas happée pas elle et pouvoir la maîtriser.

Les patients qui viennent me voir, arrivent au bout d’un moment à dire « j’ai honte » même si ce n’est que quelques séances plus tard qu’elle y associeront une cause. Ce peut être des agressions sexuelles qu’elles ont subies dans leur enfance, un inceste… En parler, la nommer, c’est donner à ce sentiment de honte une forme et limiter ainsi ses effets. C’est comme la sortir ou la détacher de soi.

Aussi, la meilleure façon de ce sortir de ce sentiment est de consulter un psychothérapeute qui par son écoute et son empathie aideront le patient à combattre ce sentiment et le risque d’exclusion qui peut s’ensuivre.

Nommer permet de retrouver son identité et reprendre conscience de son individualité. C’est le début d’un réaménagement de la personnalité, d’une reconstruction possible.

Pour l’enfant, nommer la honte permet de le sauver. Il alarme ainsi les parents que quelque chose se passe : ce peut être des abus sexuels ou des traumatiques auxquels il est soumis.